
« Faire la preuve qu’un cargo à voiles peut être fiable »
À l’heure où Neoliner Origin a entamé ses essais en mer, son fondateur, Jean Zanuttini, revient sur quatorze années d’une aventure industrielle singulière. Objectif : proposer un modèle logistique sobre, efficace et décarboné, sans renoncer aux standards de la fiabilité maritime.
Quel est l’état d’esprit à l'heure des essais ?
« Après plus de dix ans de travail, embarquer enfin pour tester en mer tout ce qu’on a imaginé, c’est une étape majeure. La construction est dans ses phases finales. Les premiers essais ont débuté fin juin, avant – si tout se passe bien — une mise en service en août. »
Avec le recul, referiez-vous les mêmes choix ?
« Malgré des évolutions de design, le concept de base n’a pas changé et l’ADN du projet demeure. Le vent devient la source principale d’énergie, et nous proposons un modèle capable de concilier exigence environnementale et fiabilité logistique. Ce qui a été le plus difficile, ce n’est pas l’innovation technique, mais de porter un projet aussi capitalistique en tant que jeune société comme la nôtre. C’est aussi un modèle de sobriété assumée : nous réduisons d’abord le besoin en énergie avant de chercher à le compenser. »
Qu’est-ce qui rend votre approche originale ?
« Notre conviction est que la transition énergétique impose d’être ambitieux. Certains se sont limités à installer des systèmes d’assistance à la propulsion, sans remettre en cause le modèle opérationnel. De notre côté, nous voulons proposer un service industriel complet et efficace. Nous visons un marché de niche : le navire est conçu pour être agile, desservir des ports de taille intermédiaire, des destinations spécifiques (notamment dans les DOM-TOM), et offrir une logistique de proximité. Il ne remplace pas le transport maritime mondial, mais le complète intelligemment. Si le premier navire tient ses promesses, nous lancerons rapidement un second pour doubler la fréquence. »
Quels sont les leviers pour atteindre cet objectif ?
« Aujourd’hui, notre concurrent direct, c’est le fioul classique. Tant qu’il reste bon marché, la transformation est lente. Mais les réglementations environnementales changent la donne. L’Organisation Maritime Internationale (OMI) a franchi un cap en avril avec des mesures plus contraignantes et la dynamique doit se poursuivre, notamment à la COP30. C’est essentiel pour que des solutions comme les nôtres aient un vrai levier de déploiement. »
Lisez l'intégralité de cette interview dans le numéro 112 de West Link